dimanche 18 octobre 2009

Qu'est-ce que je fais sur Facebook ?

Qui aurait dit que le vieux misanthrope plus ou moins technophobe que je suis, allergique à tout ce qui est à la mode, se joindrait un jour à la websociété ? Je ne clavarde jamais, je ne sais même pas comment on fait. Je passe le moins de temps possible au téléphone. Je ne cherche pas à me faire des amis (pas de cette façon en tout cas). D’ailleurs, le terme même d’«amis» pour désigner les contacts sur Facebook m’a toujours paru un peu douteux, comme le terme d’«associés» appliqué aux employés de chez Wal-Mart. Cela dit, ça fait quand même plaisir d’avoir signe de vie de vieilles connaissances. Alors, je salue cordialement tout le monde en même temps. Je n’ai pas vraiment le temps de dire «allo» à mon clavier pendant des heures.
On ne verra pas ici mes photos de vacances ou celles de mon dernier party d’anniversaire. On ne saura pas non plus quelle musique j’écoute ni quel est mon film préféré.
Je suis peut-être un dinosaure, mais je comprends mal la confusion de plus en plus répandue entre les sphères publique et privée, la recherche de célébrité instantanée (les fameuses quinze minutes d’Andy Warhol). Tout le monde veut se donner en spectacle, tout le monde veut avoir son public. Il y a des phénomènes qui me dépassent, comme la téléréalité, les jeux télévisés, les tribunes de discussion, les graffiti, les tatouages et le karaoké. Je ne comprends même pas pourquoi les gens portent des T-shirts affichant toutes sortes de messages ou ont de longues conversations sur leur cellulaire dans les endroits publics. Je ne juge pas, remarquez bien, c’est juste que je ne comprends pas.
Alors, pourquoi Facebook ?
Pour une seule et unique raison. La voici :
Je suis auteur de bande dessinée. Je ne suis pas que cela bien sûr, mais c’est à ce titre que je désire laisser ma marque sur la place publique. En passant, je me joins à plusieurs de mes collègues pour bannir le terme de «bédéiste», néologisme maladroit et inélégant.
Je suis auteur de bande dessinée, donc, et je travaille depuis cinq ans à un projet qui me tient énormément à cœur : l’adaptation en BD du roman de Franz Kafka «L’Amérique» (ou «Le Disparu»). L’album devrait totaliser un peu plus de 150 pages et j’en ai complété à ce jour environ les deux tiers. Contrairement à mes publications antérieures (séries «Michel Risque», «Red Ketchup» et «Les Grands Débrouillards»), qui ont d’abord paru en magazines avant d’être recueillies en albums, aucune partie n’en a été publiée jusqu’ici. Du moins, pas sous forme imprimée.
Cependant, fatigué de travailler tout seul dans mon coin, j’ai entrepris, en janvier dernier, de tenir ce blog, qui sert à la fois de journal de bord, de making of et de bande-annonce pour l’album à venir, et que j’alimente régulièrement. J’ai quelques lecteurs fidèles, quelques visiteurs occasionnels sans doute aussi, mais ce n’est pas assez.
Par Facebook, je cherche à élargir mon audience et à diriger le plus de gens possible vers mon blog, en espérant un effet boule de neige, pour susciter un intérêt et faire le plein de lecteurs potentiels avant la sortie du livre, dans un an ou deux, si tout se passe bien.
Il faut savoir qu’au Québec, 3000 albums vendus, c’est considéré comme un succès et 500 comme un score honorable. C’est déprimant. Pour ma part, je vise quelque chose comme 50 000, tout en sachant que c’est de la folie pure.
Mon objectif est de vendre un maximum d’albums, de façon à assurer mes vieux jours (j’aurai bientôt 58 ans, je dois commencer à penser à ce genre de choses) et, si les dieux le veulent, pouvoir continuer à faire de la BD pour un autre 40 ans.



Au fait, je ne cherche pas à me faire des «amis», mais je suis ouvert aux commentaires et aux échanges. Même que j’adore ça.

3 commentaires:

  1. Eh bien moi je trouve ça très logique comme raisonnement et je t'encourage en plus d'être bien d'accord.

    (Moi non plus j'aime pas le terme 'bédéiste' en passant ^^; )

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  2. On peut dire qu'en tant que maman d'auteur de BD je ne peux qu'adhérer à votre analyse !!! J'ai du, pour me tenir à jour avec Cécilia, me mettre aussi, succintement, à fb, aux blogs et autres joyeusetés...Il ya du bon, il faut juste faire la part des choses et prendre le meilleur des 2 mondes...Donc courage à vous et félicitations !!!!

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  3. Je suis parfaitement d'accord avec toi Réal. Moi-même je suis sur facebook mais honnêtement je ne sais pas trop pourquoi. Au début, je me rappele que c'était pour renouer avec de vieux amis de secondaire mais maintenant ça me sert pas à grand chose. Sans m'en rendre compte, c'est comme devenu une drogue!

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